Labé : Grand retour sur la vie et les œuvres de Alpha Bacar Diari.
- Alaidhy Sow
- 29 août 2017
- 4 min de lecture
Chaque ville de la Guinée a une histoire particulière à travers différents domaines surtout de par la célébrité de ses fils qui parfois ont fait leurs preuves en dehors de notre pays et dont le courage, la bravoure et l’amour de la patrie méritent d’être rappelé. Ainsi, environ soixante ans après la mort d'Alpha Bacar Diallo, on s’est employé à vous retracer quelques axes de la vie de cet homme dont la renomme est connue de tous.
Né vers 1880, Alpha Bacar Diallo connu sous le nom de Alpha Bacar Landho Diari était le chef du canton de Diari dans la région de Labé. Fils de Modi Aliou Tély de la famille des N'Guériyankés et de Kadidiatou Bah, sœur de Thierno Aliou Bhoubha N'Diyan, l’homme a marqué le Foutah Djallon en son ensemble à travers ses œuvres et son parcourt.
Intelligent, brave et courageux Alpha Bacar Diallo a vite été recrutés par l’école française. Tout d’abord a l’école primaire de Kouroula (à sa création en 1901 à Labé). Après une formation de quelques années, Il est nommé moniteur d’enseignement en 1907 et exerce ce métier pendant un an dans sa ville natale (Labé).
En 1908 le docteur Legendre est désigné pour créer le poste médical de Labé. Mais, Il éprouve des difficultés auprès des populations qui sont réticentes à l’usage des médicaments des blancs et à se faire vacciner. Alpha Bacar Diallo, pressenti pour le seconder, démissionne de l’enseignement pour devenir infirmier. Ainsi, il sut convaincre ses compatriotes à se faire soigner au poste médical et fut le premier Africain à pratiquer la vaccination sur la population de Labé.
Ensuite, Alpha Bacar est affecté comme traducteur d’Arabe et secrétaire au tribunal de Labé de 1910 à 1913.
Entre-temps, se pose un problème de succession et d’autorité à la tête du canton de Kassa - Sala ou canton de Diari (préfecture de Labé) entre Modi Oury (père de Modi Mamadou Dian dit Oka de la lignée des N'guériyankés de Diari Missidé), Thierno Ibrahima Saala (frère du père de Bappa Yaya Saala des N'guériyankés de Saala) et enfin Modi Marafou (de Koula Tokossèré dont l’autorité était contestée) a-t-on appris auprès des proches parents d'Alpha Bacar Diari.
Vu l’étendue du problème, le 15 mai 1913, Alpha Bacar est nommé chef du canton de Kassa – Sala pour mettre fin aux rivalités internes des familles régnantes de Diari. Il fut choisi non seulement pour sa formation, son expérience de gestion des hommes mais aussi pour son autorité comme chef des jeunes du cercle de Labé (Landho Doûgoussè).
Dans le souci de réussir sa mission de commandement, loin de la ville de Labé et de son terroir natal (Laria), il va se faire accompagner à Diari des collaborateurs sûrs pour asseoir une nouvelle administration. Il s’agit entre autres de :
Thierno Amadou Larya, son jeune frère de lait, très instruit en arabe et dans les livres saints, passionné d’histoire et de géographie, qui sera son conseiller direct.
Modi Mamoudou Larya qui servira comme chef de la Missidé de Diari.
Modi Boubacar Poréko (conseiller).
Modi Amadou Yérandhé Sow (conseiller)
Manga Tamba et Manga Sara (chefs de sofas).
Une fois installé, il fera venir d’autres proches et amis pour renforcer son pouvoir. C’est notamment :
Karamoko Mouctar Labiko (Secrétaire),
Thierno Abdourahmane BAH, fils de Thierno Aliou Bhoubha N’Diyan (Secrétaire du Canton),
Mö Cellou Labiko (Conseiller),
Dian Sadio Koubi Larya et Samba Diouma Bôwè (Gestionnaires).
À la faveur de la stabilité de son autorité sur le canton beaucoup de commerçants venus de Labé vont s’installer à Diari-Missidé ou à N'Dantari pour une durée indéterminée.
En 1918 le député Blaise Diagne du Sénégal fit une visite en Guinée et rencontra à Mamou les chefs traditionnels de la Guinée Française pour les convaincre eux et leurs enfants, de s’engager comme volontaires au front, en plus des jeunes gens recrutés dans leurs circonscriptions respectives, afin de faciliter la fin de la Première Guerre Mondiale.
Après avoir fait recruter le contingent demandé à son canton, Alpha Bacar s’inscrit parmi les volontaires, confiant l’intérim de la chefferie à son jeune frère et conseiller, Thierno Amadou Larya. Son jeune frère Mamadou Alpha, fils de Nénan Sarata, se porta également volontaire mais mourut au front. Quant à Alpha Bacar, il revint en 1920 avec le grade de sergent. L’administration lui rendit son canton agrandi des territoires de Diountou et Lafou.
Il fut décoré le 31 juillet 1926 de la médaille d’honneur et fut choisi en 1931 avec d’autres chefs coutumiers pour se rendre à l’Exposition coloniale de Paris. Au lieu de se faire accompagnée d’un de ses fils, à l’instar des autres chefs de canton, il préfère partir avec son griot, conseiller et ami Farba Hammadi Sow, qui se fit surnommer « Farba Paris ».
À son retour de la France, Alpha Bacar fut élevé à la dignité de Chevalier de la Légion d’honneur le 11 août 1931. En outre il est Délégué titulaire de la Chambre d’Agriculture car il possédait deux magnifiques vergers à Diari et à Koréghani.
Il s’adonne aussi à l’élevage en entretenant un cheptel bovin dont de nombreux bœufs de labour. En tant que chef coutumier il possède aussi quelques chevaux.
Il a régné sur le canton de Diari de 1913 à 1950, date à laquelle il s’est retiré. Son fils Alpha Mamadou Daï lui a succédé par une élection à la quasi-unanimité sur son rival de la famille, Monsieur Abdoulaye « Huissier » de Labé – Diari.
La chefferie traditionnelle a été abolie en 1957 par le gouvernement de semi – autonomie dite de la loi cadre sous la direction de Sékou TOURE. Ainsi, son fils Saïfoulaye DIALLO, a également marqué l’histoire de ce pays aux côtés du premier président de la guinée indépendante. Et dont l’actuel stade régional de Labé porte le nom.
Alpha Bacar s’est éteint à Diari le 22 septembre 1958, dix jours avant l’indépendance de la Guinée.
